C’est dans les années 1873 que le jeans fait sa première apparition. Inventé par Lévi Strauss et Jacob Davis, il est d’abord copié des Italiens sous le nom de Serge de Nîmes (denim), et était destiné aux mineurs. Malgré une matière robuste, les coutures ne tenaient pas. C’est pourquoi J. Davis eut l’idée de remplacer ces dernières par des rivets. Pour ne pas se faire voler son idée, il décida de déposer un brevet qui fut alors financé par L. Strauss en 1872, et dont l’entreprise Levi Strauss & Co vit le jour. Pendant la Seconde Guerre mondiale, de nombreuses personnes ont été contraintes de porter du denim, notamment pour le travail à l’usine. Par conséquent, quasiment tout le monde avait une pièce de denim chez soi et pouvait la porter même une fois la guerre finie.
Concernant le t-shirt, son histoire commence bien avant. Dès le Moyen-Âge, on le considérait comme sous-vêtement masculin. Il était présenté comme une chemise en forme de T à porter en sous-couche d’un vêtement. S’en suit de nombreuses évolutions, jusqu’en 1913 où l’US Navy adopta le t-shirt blanc en maille de coton comme sous-vêtement officiel de son uniforme. D’ailleurs, exactement pour les mêmes avantages qu’on lui trouvait déjà au Moyen-Âge (malgré l’évolution du produit), lavage plus simple et meilleur confort. Durant la Seconde Guerre mondiale, l’US Army et l’US Navy munissaient leurs troupes de t-shirts à manches courtes en coton blanc. La guerre et l’imagerie des soldats alliés victorieux dans ce vêtement contribuèrent à associer le t-shirt à une masculinité triomphante.
Dans les années 1920 et 1930, le Western permet au denim de connaître un début de succès. Porté par de beaux cow-boys ténébreux et virils, comme John Wayne et Gary Cooper, ce vêtement rentre dans le cœur des gens. Cette image glamour voire romantique séduisit les consommateurs en quête de vêtements décontractés pour les week-ends et les vacances. Toutefois, ce n’est pas suffisant pour en faire un vêtement civil : on s’habille en denim pour se déguiser en cow-boy. Il faudra attendre les années 50 pour que le jeans devienne un symbole de la jeunesse rebelle et contestataire, notamment avec Marlon Brando et James Dean.
Pour revenir rapidement au point précédent, après avoir vu le t-shirt comme symbole d’une masculinité triomphante, les entreprises voulaient aussi les vendre aux particuliers à l’aide de publicités du style « nul besoin d’être militaire pour posséder votre propre t-shirt » (Sears, 1941). En réalité, nous l’avons observé pour le jeans, ce sont les stars hollywoodiennes qui permettent de démocratiser un vêtement de ce type (utilitaire, intime). Dans les années 50, on peut alors voir sur le grand écran des personnages au caractère rebelle porter un t-shirt, comme Marlon Brando, encore une fois, dans l’Équipée Sauvage en 1953.
Avec la montée en flèche des ventes, les jeunes voient en ce jeans un symbole de rébellion et de liberté. L’occasion aussi de s’habiller anticonformiste… Mais pendant ce temps-là, la société n’est pas du tout accrocheuse de ce nouvel accoutrement. Ce qui plaisait chez les jeunes, dès la popularité croissante du jeans dans les années 50, c’est le fort sex-appeal que dégage ce vêtement. Moulant les formes du corps, avec cet esprit rebelle collé à la peau, les conservateurs, eux, craignaient une jeunesse qui se dévergonde, une jeunesse où toutes les filles allaient tomber enceinte. Le jeans devient donc symbole de la contre-culture. Il fut même banni dans certains lycées dans les années 60.
Pour le t-shirt, c’est quasiment la même histoire. Il a fallu une bonne cinquantaine d’années après sa période de vêtement rebelle qui plaît aux jeunes, pour qu’il soit accepté comme tenue de bureau convenable. Lui aussi on le considérait comme vêtement à fort sex-appeal, qui laissait apparaître le corps et la poitrine (même pour les hommes). En effet, le t-shirt se porte près du corps, voire même collé et était très prisé des actrices et chanteuses. C’est seulement dans les années 70 qu’on le considère vraiment comme vêtement unisexe. Ce qui a causé le plus grand scandale en cette période, c’est lorsque Jacqueline Bisset apparut dans un t-shirt mouillé, alors transparent, dans le film les Grands fonds en 1977. Il ne faut pas oublier non plus qu’il a été pendant très longtemps considéré comme sous-vêtement, c’était alors compliqué de le faire accepter comme vêtement d’extérieur, les mœurs n’étaient pas prêtes pour ça.
Le jeans a été un acteur fortement présent dans la fin des années 60 et début des années 70, notamment lors de rassemblements où les hippies et militants pacifistes en portaient en soutien à la classe ouvrière. Les stars du rock’n roll aussi en ont beaucoup porté, faisant du jeans un vêtement “cool”. Puis enfin, les féministes et activistes du mouvement de libération des femmes elles aussi, pour exiger l’égalité des sexes. En comptant en plus les jeunes qui en portaient pour leurs propres convictions, on peut voir que ce vêtement a acquis de nombreux symboles depuis le jour de sa création et est lourd de sens. Aujourd’hui encore on aime porter des jeans, ce vêtement confortable qui convient à n’importe quelle saison et s’accorde avec tout.
Concernant le t-shirt, c’est vraiment à partir du moment où il fut accepté comme vêtement d’extérieur, avec en plus les avancées technologiques qui ont permis d’imprimer des motifs et messages sur la toile blanche, que l’engagement dans la “libération” commence. Bien sûr, ils ne servaient pas qu’aux militants (politique ou causes), mais aussi aux marques et entreprises pour la publicité, les groupes de musique, simplement à but humoristique, etc. De par son histoire, très semblable au jeans, le t-shirt s’est aussi beaucoup rempli de sens au fil du temps. Lui aussi est associé à une histoire ouvrière et de vêtement marquant une contre-culture pour celui qui le porte. Jusqu’aux années 90, il était osé ou tendance de s’afficher avec un t-shirt, comme les rappeurs, mannequins et pop stars l’ont fait (après les musiciens, écrivains, acteurs et intellectuels).
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